
Ciel menaçant, lumière étrange. Nous sommes des personnages de l’œuvre de Tolkien. Nous naviguons sur un lac de la Terre du Milieu. Forêts sombres peuplées de silence et de ténèbres. Craquements furtifs. Des empreintes fraîches de loup sur la plage. Nous sentons encore leur présence. Peut-être nous observent-ils depuis les fourrés? Nous sommes seuls sur ce lac immense. Nous pagayons sans relâche depuis maintenant quatre heures. La faim nous tenaille. Nous accostons sur cette plage afin de nous sustenter. Bilbo sort la nourriture de son paquetage alors que moi, Gandalf, je m’occupe du feu. J’ouvre le gaz et appuie sur l’allumeur. La magie opère. Un réconfortant petit anneau de flamme bleu s’allume et se met à danser sous le vent. Le petit poêle Primus ne fait pas très Terre du Milieu, mais enfin… Bilbo fouille dans son sac et en ressort deux sachets de nourriture lyophilisée. De moins en moins Tolkien, mais j’ai faim et Bilbo aussi. Je m’expliquerais plus tard avec l’auteur.
Nous mettons l’eau à bouillir dans un chaudron fabriqué en inox par les Nains qui vivent sous les Monts Brumeux. Soudain, j’entends : « C’est pas vrai, tab… ! » Bilbo, de moins en moins crédible dans son rôle, m’annonce : « j’ai oublié les ustensiles! »
C’est ainsi qu’a pris fin cette étonnante fresque. Back to the reality, comme on dit en elfique. Nous remballons l’attirail et nous contentons d’une maigre pitance composée de barres granolas et de quelques malheureuses noix qui ont échappé à l’appétit légendaire du Hobbit qui m’accompagne.

J'avais encore un creux, mais j'ai passé mon tour pour cette fois.
Photos : Dominique Beauregard